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II. Comptes-rendus

Fernández Sarasola, Ignacio. El Pueblo contra los Cómics. Historia de las campañas anticómic (de Norteamérica a Europa)

Vittorio Frigerio
Référence(s) :

Fernández Sarasola, Ignacio. El Pueblo contra los Cómics. Historia de las campañas anticómic (de Norteamérica a Europa). Sevilla : Asociasión Cultural Tebeosfera, 2019. 513 p. ISBN : 978-84-09-05121-2

Texte intégral

1En 2019, dans le sud-ouest de l’Ontario, le Conseil scolaire catholique francophone Providence a épuré les librairies des écoles des livres jugés offensants envers les autochtones. Une trentaine parmi les près de cinq mille livres ainsi identifiés ont été brûlés lors d’une soi-disant « cérémonie de purification » à valeur prétendument symbolique. Parmi eux figuraient bon nombre d’albums de Tintin, de Lucky Luke et d’Astérix, estimés racistes. L’organisatrice de cet autodafé, sûre de pouvoir compter sur l’appui du Ministère de l’Éducation de l’Ontario, avait l’intention de répliquer cette cérémonie dans une trentaine d’autres écoles avec la participation active des élèves. Le scandale qui a suivi la révélation de cette initiative après un reportage de Radio-Canada a sauvé les livres du feu, si ce n’est du pilon. Les médias francophones canadiens et les principaux journaux européens se sont indignés de ce retour de flamme de la censure la plus obtuse et brutale, même lorsqu’elle resurgit sous l’égide d’une rectitude politique soi-disant équitable et progressiste, et au nom de l’inclusion. Les médias canadiens anglophones ont pour la plupart simplement oublié de relater l’événement et les réactions qu’il a suscitées dans le monde.

2Sera-t-on surpris, à une époque où le passé semble revenir en force, de voir de pareilles initiatives pour sauvegarder l’innocence des enfants des écoles et leur garantir une expérience pédagogique d’une actualité proprement brûlante ? Ceux qui le seraient trouveront abondante matière à réflexion dans l’excellent ouvrage d’Ignacio Fernández Sarasola, El Pueblo contra los Cómics, qui relate notamment l’organisation aux États-Unis, vers le milieu des années cinquante du siècle dernier, de séries d’autodafés de bande dessinées très peu dissemblables de ceux opérés ou projetés en Ontario soixante-dix ans plus tard :

La presencia de fogatas alimentadas por páginas de cómics empezó a extenderse por el territorio estadounidense a finales de los años cuarenta. Muchas de estas piras fueron promovidas por centros escolares católicos, como en Wisconsin o en Spencer (Virginia Occidental), donde se alentó a los niños a que lanzasen sus cómics a la hoguera, con un éxito más que notable : seiscientos niños unieron sus fuerzas para carbonizar unos dos mil cómics. […] La campaña de quema de cómics se fue extendiendo por Estados Unidos a la velocidad que la llamas consumían el papel. (105)

3Dans un cas comme dans l’autre, les bandes dessinées en question étaient dénoncées comme moralement déficientes et représentant un danger grave pour l’équilibre mental des étudiants, qu’elles ne sauraient que perturber avec des conséquences psychologiques potentiellement très inquiétantes. Évidemment, les modernes puritains ontariens n’ont, idéologiquement parlant, que peu de chose à voir avec les puritains américains du siècle dernier, mais l’identité de leurs réactions face à la puissance présumée du médium qu’ils désirent détruire est très précisément la même, tout comme la méthode choisie pour ce faire.

4C’est un des mérites de ce livre – ouvrage remarquablement bien documenté, basé sur une quantité énorme de sources primaires soigneusement présentées et analysées, et dont le sujet très vaste est « la vorágine de la campaña anticómic que medró por Norteamérica y Europa en los años cuarenta y cincuenta » (490) – de montrer à quel point la tentation de censurer les lectures populaires répond toujours finalement à des motivations de même ordre, indépendamment des époques tout comme des pays, mais aussi à quel point le contexte politique et culturel de chaque nation peut sensiblement influencer les campagnes visant à contrôler et orienter les bandes dessinées, prêtant à chaque cas un caractère particulier qui mérite des considérations tout aussi spécifiques.

5Fernández Sarasola commence sa brillante démonstration par les États-Unis (choix obligé, en raison de l’influence capitale des comics états-uniens sur le reste du monde), mais établit solidement le background nécessaire en consacrant la première partie de l’importante section touchant à ce pays à une étude des réactions suscitées chez les autorités, culturelles ou institutionnelles, par l’irruption sur le paysage médiatique d’abord des dime novels, ensuite des pulp magazines, des comic strips et pour finir quelque temps après des comic books. Les réserves sont connues : tout cela est de la littérature de piètre qualité, mal écrite et mal pensée, inutilement distrayante, et de plus susceptible de détourner le lecteur influençable du chemin de la vertu, de lui bourrer le crâne d’idées extravagantes et de lui faire perdre contact avec la réalité, stimulant la violence, les perversions sexuelles et les comportements asociaux. Si au lieu de choisir l’Amérique du début du vingtième siècle comme point de départ on avait choisi la France du milieu du dix-neuvième, on aurait retrouvé en gros les mêmes discours dans la condamnation des feuilletons et de la littérature industrielle. Critique morale et critique élitiste se conjuguent et se soutiennent réciproquement, unissant leurs forces par-delà les époques. Il y a un petit air de famille, toutes proportions gardées, entre Sainte-Beuve et Fredric Wertham, le psychiatre américain auteur du célèbre pamphlet Seduction of the Innocent, qui a tant fait pour donner aux comics la détestable réputation qui les a accompagnés pendant des décennies. Mais cette histoire de la persécution de la bande dessinée et des mesures prises pour en limiter la diffusion dans six pays – les États-Unis, le Canada, la France, l’Italie, le Royaume-Uni et l’Espagne – ne commet pas l’erreur, fréquente dans des études quelque peu « militantes », de démoniser l’adversaire et de simplifier, parfois à outrance, les oppositions. Ainsi, la discussion des réactions à l’énorme succès des comic books aux É.-U. ne se limite pas à une dénonciation univoque des positions de Wertham et consorts, mais dévoile également les diverses tendances présentes à l’époque, y compris le discours de figures intellectuelles ou du monde médical moins hostiles aux comics, auxquels ils ne nient pas des influences positives possibles sur les jeunes lecteurs. Wertham lui-même est présenté comme un personnage complexe, loin de la caricature simpliste largement diffusée, qui le voit comme une « especie de nazi que, prácticamente por sí solo, puso en jaque a la industria » (118).

6L’auteur passe ainsi en revue les objections principales portées contre les comics ; celles de la critique élitiste, qui estime que les BD sont mauvaises en tant que telles ; celles de la critique éducative, qui les voit plus spécifiquement comme nocives pour les enfants et les adolescents, fautrices d’analphabétisme ; celles enfin qui estiment que ces publications ne minent pas seulement la santé psychique des mineurs, mais également l’ordre public, et qui voient dans la BD (plutôt que dans l’armée, comme le voulait Anatole France), une authentique « école du crime ». La liste des défauts rédhibitoires des comics est d’une longueur et d’une plasticité à couper le souffle. On les accuse de favoriser la discrimination, de glorifier la violence, de propager l’obscénité, d’inciter à l’immoralité, d’avoir une influence désolante sur l’éducation, de provoquer une véritable décadence culturelle – mais aussi, selon les points de vue des critiques, de se faire le véhicule d’idéologies étrangères dangereuses. Les comics seront ainsi tantôt accusés de sympathies fascistes (Superman en faisant apparemment foi), tantôt tancés pour leurs tendances communistes. Ces publications, dit-on, poussent à l’homosexualité et à la pédophilie; elles sont chargées d’une sensualité excessive ; elles causent des accidents, incitent au suicide, poussent à l’abus de drogues, transforment leurs lecteurs en sadiques amateurs de perversions sexuelles, créent des psychoses collectives... Sans oublier le danger pour la vue que représentent les heures passées par les jeunes à se fatiguer les yeux sur ces pages mal imprimées et grossièrement calligraphiées.

7Fernández Sarasola illustre surtout, avec force exemples et détails éclairants, « la deriva anticómic de la judicatura » (198), et la diversité extraordinaire des mesures adoptées contre les comics au niveau des états tout comme des communautés locales. Des prises de position des groupes sociaux les plus viscéralement opposés à l’expansion des comics (hommes d’église, intellectuels élitistes, parents conservateurs, qualifiés d’« auténticos cruzados » [234]), on passe à la bataille législative du sénateur du Tennessee Estes Kefauver, dont le comité portant le nom sera, à partir de 1950, le fer de lance de la lutte contre la corruption de la jeunesse. Idéologiquement proche du sénateur McCarthy, qui voyait plus qu’une simple assonance entre « comics » et « commies », le Kefauver Committee disserte longuement sur des thèmes subtils tels que la question du bon goût par rapport aux BD d’horreur ou la définition de l’obscénité. Les arguments contre les « crime comics », cible voyante et facile, et les témoignages apportés au comité par des auteurs et par des éditeurs, qui tentent de défendre souvent maladroitement leurs produits, illustrent le long chemin de la société américaine vers des législations acceptables au niveau fédéral, qui mènera pour finir à la création de la Comics Code Authority.

8Au nord du 49e parallèle la situation est à la fois semblable et différente. Le Canada voit un fort développement de l’industrie locale suite à l’arrêt provisoire des importations de comics américains, dicté par des raisons purement économiques, en 1940. L’âge d’or de la BD canadienne, marquée par l’apparition de personnages porteurs d’un fort message nationaliste, ne durera cependant que six ans, jusqu’en 1946. Le retour des importations aura vite fait d’éliminer une concurrence autochtone qui est loin de disposer des mêmes moyens. Les réticences et les inquiétudes du public et des politiciens canadiens évoquent celles qui ont cours aux États-Unis. En 1949, la loi Fulton-Garson vise la « corruption morale » des jeunes, mais en se concentrant sur les contenus des comics plutôt que sur leurs prétendus effets négatifs, impossibles à prouver. La campagne, portée à bout de bras par des politiciens conservateurs et qui connaît la mise en place de mesures locales, au niveau provincial, encore plus restrictives que celles adoptées pour l’ensemble du pays, combine pudibonderie et réaction nationaliste à la (sous-)culture américaine. En 1950, l’industrie, soucieuse de protéger ses intérêts, adoptera une forme d’autorégulation à travers la création de la Comics Magazine Industry Association of Canada. Mais désormais, les productions états-uniennes auront déjà réoccupé la quasi-totalité de l’espace disponible dans les kiosques canadiens.

9L’histoire de la censure de la bande dessinée connaît des formes sensiblement différentes en France, où la place des illustrations dans les publications destinées à la jeunesse a déjà une longue tradition. Fernández Sarasola met justement l’accent sur la récupération des journaux de bandes dessinées pour enfants à des fins de propagande par l’église catholique (Cœurs Vaillants), le parti communiste (Mon Camarade), et pendant l’occupation par le gouvernement de Vichy (Le Téméraire). La libération amène aussi le retour de l’antiaméricanisme, cheval de bataille culturel aussi bien que politique du P.C.F.… On a droit ainsi à une exploration des activités de la Commission de contrôle, de l’autocensure grandissante de la part des éditeurs et des arguments multiples mais guère particulièrement imaginatifs apportés par les critiques élitistes contre le déferlement de la bande dessinée. Avant d’en arriver à la loi de 1949, qui sera prise ensuite en exemple par d’autres pays, le chemin de la censure et de ses apôtres est long, tortueux et plein de surprises: on y découvre aussi un Jean-Paul Sartre traducteur de Fredric Wertham !

10De la France à l’Italie : au sud des Alpes les BD ne suscitent pas de répulsion instinctive comme aux États-Unis, et le pays jouit d’une longue tradition de journaux de qualité tel le Corriere dei Piccoli, datant des années dix. En dépit des doutes exprimés par certains éducateurs et religieux dans les années 30, la BD est plutôt bien accueillie par le fascisme, qui perçoit ce qu’elle peut apporter à sa stratégie d’endoctrinement de la jeunesse. L’accent sera donc mis sur le contenu, que l’on veut patriotique en premier lieu, plutôt que sur la forme, même si les ballons sont remplacés par des couplets poétiques en rime ou des didascalies. S’il y a des réserves, elles sont contre le fantastique et l’imagination excessive, qui détacheraient les enfants de la réalité. La violence ne pose pas particulièrement problème, et s’il faut bien sûr sauvegarder la pudeur et la décence, les aventures sont bien accueillies dans une ambiance idéologique où on désire enseigner aux jeunes les vertus guerrières. Il faudra tout simplement que celles-ci mettent en exergue l’histoire patriotique, et qu’aux westerns on préfère les aventures coloniales. Le vrai début de la censure date du Congrès de Bologne de 1938, qui compte notamment sur la participation du futuriste Marinetti. La hache s’abat sur les comics d’importation, Mickey exclu jusqu’en 1942 en raison des excellents rapports entre Mussolini et Walt Disney. La conséquence sera le développement d’une industrie locale encore plus vivace, qui saura, dans l’après-guerre, maintenir sa part du marché face au retour massif des comics et à l’américanophilie généralisée de la population, en dépit des objections de l’église et du parti communiste conjoints. Fernández Sarasola évoque ici également la critique envers le photoroman, que les progressistes considèrent un poison pour les jeunes filles, les positions conservatrices de Giovannino Guareschi, le célèbre romancier, qui est toutefois hostile au contrôle de l’état et soutient la responsabilité des familles, et les interventions du non moins célèbre Dino Buzzati, qui, à travers sa propre production (son Poema a fumetti) et dans des congrès que l’on commence à organiser dès le début des années 50, relativise les critiques portées aux BD, qu’il considère comme un moyen d’expression créative légitime parmi d’autres. Tout cela n’empêchera pas une tentative de faire passer une loi imposant la censure préventive, mais les débats parlementaires s’éternisent et les mentalités changent. Le temps de la censure n’est plus.

11Tout comme la France et l’Italie, le Royaume-Uni peut également compter sur une longue tradition de narration en images, particulièrement bien implantée depuis le 19e siècle. Dans la presse quotidienne on peut trouver des productions comme les aventures de Jane, la fort peu vêtue héroïne d’un « pin-up comic strip » dont la parution aurait été inimaginable dans l’ambiance pudibonde régnant aux États-Unis. C’est l’arrivée des G.I. et des comics qu’ils apportent avec eux pendant la guerre qui change la donne. Les « crime comics » suscitent la crainte d’une explosion de la délinquance juvénile, mais provoquent aussi par contrecoup un repli nationaliste, qui mène à la création d’une production locale en contre-point : notamment Eagle, avec son héros le plus connu, l’astronaute Dan Dare. Fernández Sarasola présente en particulier ici les théories et les écrits de G.H. Pumphrey, le Wertham anglais, à l’origine du « Harmful Publications Bill », consacrant des remarques fort intéressantes aux débats intenses autour de ce projet de loi, accepté en 1955 mais qui est demeuré pratiquement inutilisé.

12La dernière section du livre est focalisée sur l’Espagne, où l’histoire nationale de la BD commence en 1917 avec la publication du journal TBO, dont le titre donnera son nom espagnol, tebeo, à la narration par images. Si pendant la dictature de Primo de Rivera l’accent demeure fermement mis sur l’éducation morale et civique sous l’égide de l’église, le jugement sur les BD sera plutôt positif lors de la Restauration et de la 2e République, aidé peut-être par l’autocensure préventive exercée par certains éditeurs au sujet des comics américains, en particulier pour ce qui est des attributs parfois trop voyants des héroïnes d’Alex Raymond et d’autres parmi ses collègues. Si la guerre civile voit, de manière prévisible, une utilisation de la BD en fonction de propagande, d’un côté comme de l’autre, les journaux pour enfants jouissent ensuite paradoxalement sous le franquisme d’une liberté relative jusqu’aux années 50, essentiellement par désintérêt. La censure opérait bien, surtout pour les BD importées, mais la réaction nationaliste espagnole contre les comics, au lieu d’être d’inspiration communiste comme en France ou en Italie après la guerre, vient surtout de la conviction que l’Espagne, traditionaliste, était protégée en raison de cela, des influences nocives étrangères. La « prensa orientada » (493) prônée par le régime, relativement bénigne en ce qui concerne la BD, laisse toutefois la place à une répression plus stricte autour du milieu des années 60, alors qu’ailleurs en Europe la censure est en train de commencer à disparaître. Un paradoxe de plus pour l’histoire espagnole de ce médium, victime dès lors du besoin de défendre les dogmes de l’église, soutien indéfectible du régime.

13Dans ses réflexions finales, écrites bien avant que la Covid ne vienne bouleverser le monde, le critique parle de la censure comme d’une « pandémie » (507). La comparaison semble on ne peut plus justifiée. Fernández Sarasola, professeur de droit constitutionnel à l’Université d’Oviedo, apporte à son exploration des mesures prises contre la bande dessinée, en Amérique comme en Europe, sa connaissance profonde de la loi et de ses mécanismes, qui lui permet d’éclairer son sujet d’une lumière précise et de relever avec clarté tant les similitudes que les différences qui marquent les diverses campagnes qui font l’objet de cette étude d’une envergure remarquable. L’histoire de la censure de la bande dessinée n’est pas un sujet nouveau en soi et a déjà donné lieu à des études importantes, surtout pour ce qui est des cas américain et français. Nous avons cependant ici, pour la première fois, une véritable analyse comparative d’une grande ampleur, basée sur des recherches d’archive étendues, extrêmement détaillée, richement illustrée et produite avec le plus grand soin, qui constitue une pierre de touche pour les études de ce genre et qui mériterait sans doute aucun d’être traduite par un éditeur spécialisé. On ne peut que féliciter l’auteur de son travail monumental et en conseiller chaudement la lecture à quiconque s’intéresse à l’histoire de la bande dessinée et de sa réception.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Vittorio Frigerio, « Fernández Sarasola, Ignacio. El Pueblo contra los Cómics. Historia de las campañas anticómic (de Norteamérica a Europa) »Belphégor [En ligne], 20-1 | 2022, mis en ligne le 16 août 2022, consulté le 31 décembre 2022. URL : http://journals.openedition.org/belphegor/4809 ; DOI : https://doi.org/10.4000/belphegor.4809

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