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« Le bœuf » et « Le gras »

Quarante cinquième congrès de la Société de mythologie française

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Published on Thursday, December 22, 2022 by Lucie Choupaut

Summary

Le quarante cinquième congrès annuel de la Société de mythologie française portera sur : Le bœuf et le gras. Il prend comme sujet d’étude la mythologie, le folklore et les cultures populaires relatives au bœuf et plus largement aux bovins, et subsidiairement au gras, entendu au propre et au figuré, en France et contrées francophones, ou ailleurs à titre comparatif.

Announcement

La Société de mythologie française (SMF)

La Société de Mythologie française (SMF), sous l’impulsion initiale d’Henri Dontenville (La Mythologie française, 1948), étudie depuis 1950 les « dits et récits » (Les Dits et récits de mythologie française, 1950), retranscrits ou parfois réélaborés par la littérature, impliquant les êtres, les lieux, les monuments, les rites et conduites à visée sacrée, et les autres éléments fabuleux trouvés sur les terroirs de la France et dans les mondes voisins, présentant souvent une spécificité, hors de la mythologie dite « classique ».

Son objet est ainsi d’inventorier, étudier et faire connaître la mythologie décelée sous des formes aussi diverses que : récits épiques, chroniques, romans anciens, contes, traditions orales, vies des saints, rites profanes et sacrés, sites et monuments à légendes, géographie ancienne, langues locales, etc., en faisant appel aux enseignements connexes du folklore, de l’hagiographie, de la préhistoire et de l’archéologie, de l’archéoastronomie, de la topographie, de la toponymie, de la linguistique, sans exclure les comparaisons avec l’ensemble du domaine indo-européen.

Aboutissant à une discipline, initialement résumée sous le terme de « mythologie française », cette recherche s’exerce sur ces nombreux champs et au moyen des différents outils habituels à l’ethnologie. Ainsi se soumettent à l’analyse et sont mises au clair la portée, la signification, la valeur symbolique de ces récits, usages, traditions parfois encore vivantes, et souvent en sont reconnues les sources ou filiations.

Ces données et ces résultats que le Bulletin de l’association, Mythologie française, consigne depuis 73 ans, la SMF s’efforce de les cartographier – « cartes mythologiques », « répertoire mytho-géographique », puis un « atlas mythologique » actuellement en cours (traité par département, utilisant le système de classification Aarne-Stith-Thompson) –, de les interpréter et les mettre en juste perspective dans l’ensemble de la pensée mythologique universelle.

Les congrès et sessions de la Société sont pour les chercheurs concernés par ce domaine et de telles voies de compréhension l’occasion de confronter leurs méthodes et de faire part de leurs avancées. Afin aussi de dynamiser et renouveler les travaux, les congrès sont organisés en ciblant une thématique définie.

Argumentaire du congrès

Le congrès 2023 de la SMF invite l’ensemble de la communauté scientifique à une réflexion sur le folklore et les mythes liés aux bovidés et au gras.

Le Bœuf

Le congrès se tiendra à Langon, en Gironde, à proximité de Bazas, cité éponyme d’une race bovine « d’une grande valeur », autrefois de travail, aujourd’hui uniquement élevée pour la viande, une des plus anciennes races du Midi, [qui] existait du temps des Romains et […] les  Gaulois en faisaient un grand cas. Dans ses guerres contre les Vasates, César approvisionnait en partie ses troupes avec des bœufs de la contrée, selon un auteur local (Aurore Lamontellerie, « Les Bovins et la mythologie », Bulletin de la Société de Mythologie française, n° 20, Paris, oct.-déc. 1955, pp. 111-122.).

Cette production est glorifiée par diverses manifestations, surtout par la célèbre Promenade des Bœufs gras, « Passejada deus bueus gras de Vasats », le Jeudi gras. La fête de la Saint-Jean de Bazas commémore, également, par une représentation scénique que suivra l’allumage du feu traditionnel, le don du taureau que les bouchers devaient faire à l’évêque selon une décision du roi Édouard Ier, duc d’Aquitaine, à la fin du XIIIe siècle. Ces festivités sont inscrites à l’inventaire du Patrimoine culturel immatériel en France. La Promenade, commençant par la pesée en public, offre le spectacle du défilé des Bœufs couronnés de fleurs, sur un trajet déterminé, accompagnés de chars et de groupes de musiciens, fifres et tambours, les ripatauleras, elle s’achève, après la bénédiction donnée par le clergé devant la cathédrale, par le concours. Le cortège final conduira les animaux vers l’abattoir…

On reconnaît dans ce rituel une fête, mise en œuvre par les confréries de bouchers, existant anciennement en d’autres villes : Bœuf gras, Bœuf villé (promené en ville), Bœuf viellé ou violé (accompagné d’instruments), et liée au carnaval.

Cette tradition pourrait rappeler les taureaux sacrificiels des civilisations de l'Antiquité.

Ces rites rappellent que le bœuf en tant qu'animal mystique est lié au soleil et à l'eau[1], éléments nécessaires à l'agriculture. Il est ainsi associé au cycle de la terre et aux labours. Parallèlement, le taureau donne son nom à une constellation ainsi qu'à un signe du zodiaque ; il est lié aux étoiles.

Par ailleurs, nos expressions orales, notre imaginaire et nos représentations artistiques montrent l'importance des bovins dans notre société et l'évolution de sa symbolique.

À cette occasion, la Société de Mythologie française propose aux chercheurs de porter leur attention, selon son objet tel que rappelé supra, sur les mythes, contes, légendes, rituels ou traditions populaires relatifs au « Bœuf », savoir le champ des Bovins : taureau (sexuellement actif), bœuf (castré) et vache, buffle, bison, voire certains bovidés.

Le Gras

La qualité des Bœufs de Bazas étant d’être « gras », lourds de graisse et de viande consommable, sait-on quelles significations, hors du sens obvie, peuvent courir sous cette richesse, toute matérielle, motif d’une réjouissance carnavalesque débridée, avoisinant l’idolâtrie, et par là cause possible de se détourner de valeurs plus austères : il y a du Veau d’or dans tout Bœuf gras. C’est une occasion trouvée de s’interroger sur la valeur anthropologique du Gras, spécialement d’origine animale (Dossier « Le gras, journée d’étude, 18 nov. 2015 », Ethnozootechnie n° 99, 2015, Toul, Société d’Ethnozootechnie.).

Et de constater son ambivalence. Gras, assurément, c’est doux au palais, moelleux, crémeux, cela passe pour roboratif, garantie d’abondance, et de joie de vivre « car de la panse vient la danse », obligation en carnaval, Jours gras, temps de la viande permise. C’est la fortune métaphorisée : graisser la main, c’est donner quelque argent ; ceux qu’on dit les gras, les gros, sont les opulents, les puissants. Mais, à l’inverse, le gras, c’est aussi le boueux, le crasseux. L’animal gras tous les jours, le cochon, est celui qui fournit le plus de viandes variées en festin de carnaval ; il est en janvier – mois en carnaval, qui est en divers lieux celui de la « Tue-Cochon » – associé populairement, depuis le XVe siècle, à l’ascétique ermite saint Antoine. C’est le Pourceau que Rabelais (Quart Livre, XLI) montre dans un vol glorieux criant son nom « Mardigras ». Or il encourt aussi tous les reproches : saleté, grossièreté, goinfrerie, au point que son nom est devenu le qualificatif le plus péjoratif.

Aspects thématiques

Les auteurs pourraient, entre autres directions, orienter leur regard sur divers aspects :

  • Les fêtes bazadaises : on sait qu’il y a un rapport constant entre rite et « mythe » ; à cet égard, les festivités de Bazas induisent-elles une relation avec un concept de transcendance ? Par delà l’évident facteur de prospérité commune qui y est célébré, y a-t-il à s’interroger sur la construction d’une justification historicisante et d’une identité forte, soudant la communauté et nourrissant une « mémoire collective vécue ou imaginée (Natalie Bétry, La patrimonialisation des fêtes, des foires et des marchés classés « sites remarquables du goût » ou la mise en valeur des territoires par les productions locales, Thèse de doctorat de sociologie et anthropologie, Université Lumière-Lyon 2, janv. 2003, résumé in Ruralia, 12/13, 2003.) » ?
  • L’originalité, possiblement cultuelle, ou calendaire, de ces fêtes dans l’ensemble demeurant connu des fêtes de Bœuf gras ordinairement dans la dépendance toute profane du carnaval, souvent plus récentes voire d’invention moderne (Bœuf de la Saint-Marcel de Barjols, Bœufs gras de Pâques de Laguiole) ; et peut-être dans l’ensemble des festivités d’animaux processionnés.
  • Le possible lien de ces rites avec des origines religieuses antérieures, à caractère sacrificiel ou non (cf. le taureau du suovetaurile).
  • Interroger l’immense et complexe dossier du Taureau, du Bœuf et de la Vache dans les grandes religions antiques, celles du bassin méditerranéen notamment (Mésopotamie, Égypte, Grèce et Rome), dans les mythologies celtiques, voire celles des mondes asiatiques.
  • Examiner la place faite aux bovins aux plans sacré ou dévotionnel, particulièrement sous l’effort de la christianisation, dans les hagiographies (miracles, révélation de lieux saints), dans les figurations (Tétramorphe, bœufs de Laon), dans le maintien d’une piété populaire envers l’animal.
  • L’appropriation anthropologique de la familiarité des bovins et de l’homme dont ils sont le compagnon de travail (transport, labourage, élevage) et le secours nourricier.
  • Le marquage ou l’investissement symbolique d’éléments forts du paysage par des dénominations (toponymes) référant aux bovins.
  • La projection du bovin et de son univers dans le ciel : Taureau (constellation et signe du zodiaque), Septentrion (« Les Sept bœufs de labour »), Charrue, Bouvier.
  • Dans le champ symbolique de l’alimentation, la dialectique de l’exclusion du gras, supposé donneur de force, par le maigre, preuve de pauvreté : chair de mammifère contre chair de poisson (ou de certains oiseaux), dans le renversement de l’inversion : de l’abondance exceptionnelle à l’abstinence prescrite, de Carnaval à Carême, leur vrai combat.
  • La faveur du « cochon », la paillardise, dans les réjouissances collectives.

Modalités de contribution

Langues acceptées : français, anglais.

Les propositions sont recevables pour trois formes de contributions : communication orale lors du congrès, qui sera dans le délai mentionné ci-après suivie de sa transcription développée par l’auteur pour la parution aux Actes ; présentation sous forme de poster lors du congrès ; article écrit en vue de parution avec les Actes.

Pour la soumission au Comité scientifique, les propositions de communication, de poster et de contribution écrite ne devront pas dépasser 3000 signes, bibliographie et espaces comprises. Ces propositions consistent en l’exposé du projet, comportent un titre, trois à cinq mots-clés ; elles sont accompagnées des coordonnées du contributeur y compris son adresse numérique et postale, et, s’il le souhaite, son statut professionnel et les éventuelles affiliations institutionnelles.

Ces propositions de contributions devront être envoyées exclusivement à congres.smf@orange.fr

avant le 15 avril 2023.

Aucune soumission par courrier postal, ou via une autre adresse courriel, ne sera prise en compte.

Les propositions de contributions orales basées sur la thématique du congrès mais qui n’y correspondraient que partiellement pourront être réorientées soit vers la réalisation d’un poster, soit vers une parution aux sections ad hoc du Bulletin de la SMF, sous réserve de l’avis de son directeur des publications

Calendrier

  • 15 avril 2023 : clôture des offres de contributions.

  • 15 juin 2023 : notification aux auteurs des décisions du comité scientifique sur les propositions de contribution.
  • 31 juillet 2023 : remise des textes avec leurs résumé et mots-clés, des posters et des présentations numériques au comité scientifique, pour organisation effective des séances du congrès.
  • 31 octobre 2023 : remise des textes définitifs pour publication à partir de 2024 dans les Actesdu congrès.

Séances

Trois matinées de communications sont prévues (9 h – 12 h).

Une durée maximale de 30 minutes par communication sera accordée, incluant le temps des questions du public. Chaque séance sera présidée par une personne désignée par le comité scientifique.

Les posters resteront exposés dans un espace commun durant les trois journées du congrès. Ils auront un format A0, soit 83 cm x 120 cm, orientation horizontale ou verticale

Programme du congrès

Le congrès se déroule sur trois jours à Langon (Gironde), du lundi 21 août 2023 (17 h, accueil), au jeudi 24 août (12 h) : séances le matin, visites organisées l’après-midi. Première séance : mardi 22 août, à 9 heures.

Le programme détaillé sera disponible sur Calenda avant l’été 2023.

Actes

Les actes du congrès seront publiés par la SMF dans son bulletin trimestriel Mythologie Française (BSMF) en 2024, ou en volume.

Organisateur du congrès

Société de Mythologie française, association sous le régime de la loi de 1901, fondée en 1950, déclarée (Préf. de police de Paris), n° W 751021415 – Sirene : 515 033 637 00015 – APE 9499Z. secretariatsmf@orange.fr

Comité d’organisation

le Bureau de la SMF, présidé par M. Bernard Sergent.

Personne référente pour le congrès : Mme Chloé Pinson.

Comité scientifique

Mmes et MM. Bernard Sergent, Jacques Berruchon, Françoise Clier-Colombani, Bernard Laurent, Jean-Pierre Martin, Claude Maumené, Chloé Pinson et Michel Tinet.

Inscription

Accès au Congrès de la SMF avec inscription préalable (voir infra).

Pour tout renseignement :

Mme Chloé Pinson : cplegende@gmail.com ; et Secrétariat : secretariatsmf@orange.fr

tél. : 05 56 62 36 37

Places

  • Hôtel Horus 2 rue des Bruyères – 33210 LANGON
    Langon, France (33)

Event format

Full on-site event


Date(s)

  • Saturday, April 15, 2023

Keywords

  • mythologie française, mythe, folklore, taureau, bœuf, vache, bovin, carnaval, gras, porc

Contact(s)

  • Michel Secretaire de la SMF
    courriel : secretariatsmf [at] orange [dot] fr
  • Chloé Mme Pinson
    courriel : cplegende [at] gmail [dot] com

Information source

  • Jean-Pierre Martin
    courriel : congres [dot] smf [at] orange [dot] fr

To cite this announcement

« « Le bœuf » et « Le gras » », Call for papers, Calenda, Published on Thursday, December 22, 2022, https://calenda.org/1041676

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